Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/274

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de la révolution ont été presque tous des enfants du peuple. On ne peut guère considérer notre « intelligence » comme une « classe ». Rien de pareil n’existe ailleurs qu’en Russie. Les erreurs de nos révolutionnaires, les insuffisances de notre « intelligence » sont aussi en partie des traits nationaux, des qualités négatives de notre peuple. Ce sont l’absence de mesure, la facilité à passer d’une disposition d’esprit à une autre, la tendance à l’exagération et au fanatisme et une certaine incapacité à se reconnaître au milieu des faits. Bien que russe, ce dernier trait n’est pas fondamental ; il n’est que passager et vient de la jeunesse de ce peuple. La jeunesse révolutionnaire n’a pas perdu la force de l’enthousiasme religieux en devenant l’ « intelligence », en haïssant d’instinct le tsarisme, en maudissant le cléricalisme et en endossant les vêtements bariolés des idées européennes. D’ailleurs, touchant ces idées, nos premiers révolutionnaires ont vite connu la déception. Ils n’avaient ni le temps, ni les moyens de les élaborer à nouveau par un effort de sérieuse réflexion ; ils ne pouvaient pas davantage les appliquer telles quelles : elles n’étaient bonnes ni pour ceux qui en auraient fait l’application, ni pour ceux auxquels on aurait voulu les appliquer.

Quand on suit l’histoire du mouvement révolutionnaire,