Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/279

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La grande masse du peuple ne voit pas encore le caractère illusoire des réformes accordées ou promises ; et c’est le signe que la révolution « par en bas » n’existe pas encore. Peut-être viendra-t-elle demain, mais peut-être aussi ne viendra-t-elle pas. En tout cas, nous ne l’avons pas encore aujourd’hui. Tout ce qui a été donné « par en haut » a bien été donné en réponse à des demandes, à des menaces et à des exigences ; mais cela a pourtant été donné, octroyé ; cela n’a pas été pris avec la conscience d’un droit. Le peuple a accepté ces dons. Or, quand un peuple demande à son gouvernement de lui donner quelque chose et accepte ses dons, c’est qu’il croit encore en lui. Tant que la Russie pense que le tsarisme peut lui faire don de telle ou telle liberté, elle croit au tsarisme. Tant que les paysans rêvent que le tsar peut leur donner de la terre, ils croiront au tsar. Ils croient précisément au tsar autocrate, en sa puissance divine sur terre, sur la terre.

Quant au tsarisme lui-même, il croit encore posséder une telle puissance, bien que son représentant actuel, Nicolas II, semble bien ne pas s’en rendre exactement compte.

Tôt ou tard, les faits mêmes de l’histoire, la réalité même nous amèneront à penser que le tsarisme est plus qu’un absolutisme politique, qu’une forme