Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/282

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toute raillerie des choses saintes. Si, demain, quelqu’un qui comprendrait bien ce qu’est le tsarisme, pouvait, savait et osait révéler au peuple qu’il n’est pas seulement un mensonge politique ou économique, mais qu’il est aussi un mensonge sacrilège, peut-être bien qu’après-demain il ne resterait plus trace du tsarisme. Mais les révolutionnaires n’ont encore jamais eu assez de force de conscience religieuse pour dire à ceux à qui ils faisaient le sacrifice de leur vie : « Votre foi est vaine ! Voyez, ce n’est pas un Dieu que vous adorez, c’est un homme comme vous, plus faible que vous. De la foi au Dieu-fait-homme, vous avez fait la foi en l’Homme-Dieu. Vous ave» renié le Christ depuis longtemps ; bien plus : vous avez accueilli l’Antéchrist. Votre vie n’est pas seulement sombre, sale et misérable ; elle est encore sacrilège. Et c’est peut-être parce qu’elle est sacrilège, qu’elle est si sombre et si misérable. »

Mais, diront certains, c’est là une grossière propagande de superstition. Parler au moujik de l’Antéchrist, créer et répandre des légendes, c’est encore pire que l’entraîner à l’aide de faux documents « avec des aigles ». Or, à tous ceux qui refusent de considérer le côté idéal de la question, qui sont loin de sa psychologie réelle et de l’élan de l’âme populaire, je ne propose pas une telle propagande.