Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/29

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et l’empire sont déduits d’un principe unique, on y affirme que si l’un et l’autre sont conformes à ce qu’ils doivent être « il s’établit entre eux un accord bienheureux (συμφόνια) et de toute utilité pour le genre humain ».

De ceci, il ne s’ensuivait point la soumission de l’empereur au glaive spirituel. La lutte occidentale des deux puissances qui se termine à Canossa est étrangère à l’Orient. Le Tsar, grâce à l’onction qui le sacre, est non seulement empereur, mais aussi grand-prêtre. Il unit en soi les deux pouvoirs. L’empereur Léon Isaure se reconnut comme le successeur de l’apôtre Pierre, ayant mission de paître le troupeau des fidèles, et le concile œcuménique de Chalcédoine a voulu voir dans la personne de Markion le prêtre et l’empereur, le vainqueur à la guerre et le détenteur des vérités religieuses.

Quand à la fin du XVIe siècle le « très pieux » Tsar Théodore Ivanovitch établit l’institution du patriarcat, la lutte entre le patriarche et le Tsar commença. Chez les patriarches, chez Nikon surtout, on vit tout naturellement se développer les tendances papistes. Nikon se considérait comme une représentation vivante et animée du Christ, exprimant la vérité par ses paroles et ses actes. « Le premier prélat (patriarche) est l’image du Christ,