Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/101

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pas redevenu ministre ; il n’aurait pas conduit la France à la victoire, et n’aurait pas confectionné son superbe traité de paix… Catastrophes sur catastrophes.

Aussi, dans le numéro de la Guerre Sociale, qui suivit, nous annonçâmes la clôture ainsi que les résultats de cet extraordinaire concours. À la question : « Doit-on le tuer ? » trois mille trois cent soixante-cinq lecteurs avaient répondu : Oui ! Et tous, sans la moindre hésitation, désignaient le président du Conseil, Clemenceau.

Ce référendum, qui en disait long sur sa popularité, a dû faire sensiblement plaisir au vieux Tigre.

Mais, tout en déclarant le chiffre des voix obtenues par le candidat malgré lui je m’expliquais, dans le même numéro du journal :

« Quand on prépare, écrivais-je, de semblables attentats, on ne le crie pas sur tous les toits ! On n’annonce pas à l’univers ses intentions. Ce sont des choses qui se font et qui ne se disent point.

« On ne conseille pas, on agit.

« Mais cela, lecteurs, vous l’avez parfaitement compris. Vous avez saisi, dès les premières lignes, notre pensée intime ! Et vous avez tout simplement profité de l’occasion offerte pour exprimer vos sentiments et crier votre haine.

« Trois mille trois cent soixante-cinq d’entre vous ont feint de croire qu’il s’agissait de Clemenceau. Quelques autres, très rares, ont voulu croire qu’il s’agissait de Briand.

« Mais tous vous avez reconnu l’abominable tyran dont il est question. Tous vous avez flairé le bourreau, rouge encore du sang de ses victimes.

«… Il ne nous reste plus qu’à mettre un nom sur cette face de gredin sinistre, afin que nul ne s’y trompe désormais.