Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/12

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conseils de guerre pour condamner les petits soldats, des victimes et des bourreaux, des mensonges, des saletés… Et, en plus, il y a eu la guerre — la grande guerre du Droit, de la Justice, de la Civilisation.

Il y a eu même une Révolution.

Mais il n’y a plus de Zo d’Axa. Le prestigieux pamphlétaire s’est tu. Il a vidé son encrier et brisé sa plume. Et, sous le bleu sans souillure d’un ciel de rêve, parmi les senteurs d’iode et de phosphore qu’apporte la mer, il promène son désenchantement, contemplant avec une curiosité hautaine les gesticulations des hommes, ses semblables.

Je n’entrerai point dans des détails inutiles concernant la biographie de d’Axa. Qu’il me suffise d’indiquer que le pamphlétaire le plus vigoureux de notre époque (qui se double d’un poète) est sorti d’une famille parisienne et qu’après le collège, il fit la boulette de s’engager aux chasseurs d’Afrique. Il avait soif de mouvement et d’aventures. Mais, trop jeune, il n’avait pas compté avec l’absurdité de la discipline et l’horreur de la caserne. Il apprit, là-bas, le dégoût de la chose militaire.

Revenu à Paris, et fort de cette expérience pour lui décisive, Zo d’Axa se lança dans la littérature. Il fut d’abord, poète. Je sais de lui de courts poèmes : Les Intensifs, qu’il n’a jamais publiés, où, déjà, il se révélait tout entier, c’est-à-dire épris de la forme, jamais satisfait, visant constamment à la pureté du style, au dynamisme du mot, à la saveur de l’expression. J’ai connu peu d’hommes capables de manifester autant d’inquiétude devant la feuille de papier noirci. Zo d’Axa poussait les