Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/156

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congrès, il était à Bruxelles, en compagnie de Guesde, de Vaillant, de Sembat, de Jean Longuet. Il tentait un suprême effort pour sauver la paix. Il faisait encore confiance au gouvernement français. Il s’écriait :

— Les dirigeants hésitent. Profitons-en pour nous organiser. Nous, socialistes français, notre devoir est simple. Nous n’avons pas à imposer à notre gouvernement une politique de paix. Il la pratique. Moi, qui n’ai jamais hésité à assumer sur ma tête la haine de nos chauvins par ma volonté obstinée, et qui ne faiblira jamais, d’un rapprochement franco-allemand, j’ai le droit de dire que le gouvernement français veut la paix.

Malheur !

Et il terminait ainsi :

— Au début de la guerre, tout le monde sera entraîné. Mais, lorsque les conséquences et les désastres se développeront, les peuples diront aux responsables : « Allez-vous-en et que Dieu vous pardonne ! »

Quelques jours après, dans l’Humanité, il écrivait (c’est son dernier article, 31 juillet) :

« Si l’on juge de ce que serait la guerre elle-même et des effets qu’elle produirait par la panique, les sinistres rumeurs, les embarras économiques, les difficultés monétaires, les désastres financiers que déchaîne la seule possibilité du conflit, si l’on songe que, dès maintenant, il faut ajourner le règlement d’échéances et se préparer à décréter le cours forcé de petites coupures de billets de banque, on se demande si les plus fous et les plus scélérats des hommes sont capables d’ouvrir une pareille crise. »

Ils en étaient capables et ils l’ont bien montré.

Jaurès disait encore :

« Pour résister à l’épreuve, il faut aux hommes des