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Une section insurrectionnelle
d’avant-guerre


En ce temps-là, vers 1906, — ça ne nous rajeunit guère (bis) — je venais de donner mon adhésion à la quatrième section du parti socialiste récemment unifié. Il soufflait, alors, sur le parti un terrible vent d’insurrection. C’était Gustave Hervé, déjà célèbre pour avoir planté le drapeau national dans le fumier, qui figurait Éole.

J’étais rédacteur à La Guerre Sociale, ce qui m’avantageait de quelque prestige, parmi les camarades. Ma plume m’avait conquis quelques esprits et valu aussi pas mal de méfiances. Fama volat, comme dit Virgile, dans les pages roses du Larousse. Aussi me fallut-il très peu de temps pour me placer au rang des meneurs, dans cette bouillante section que secouaient des impatiences fiévreuses.

C’était, d’ailleurs, un milieu très mélangé.

Il y avait pas mal d’israélites, jeunes pour la plupart, qui, tout en prêchant ardemment la révolution, ne rataient pas la synagogue, chaque samedi. Beaucoup d’ouvriers maçons aussi — des Limousins. Et des petits commerçants du quartier. Tout ce monde-là était séparé en deux « tendances » : les doctrinaires qui se réclamaient de Jules Guesde ; les insurrectionnels qui suivaient Hervé. Entre les deux, quelques dizaines d’hési-