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les belles et fortes œuvres. J’ai joué, là dedans, des rôles insignifiants, où j’étais horriblement mauvais ; j’ai fait jouer des pièces dites de propagande dont j’étais l’auteur ; j’ai tenu le poste de souffleur ; j’ai monté de grandes machines en plusieurs actes. J’ai récité des vers (de moi !). Mais il m’est arrivé d’organiser de glorieuses et inoubliables soirées.

Du reste, nous avions de précieux concours. De Max, lui-même, venait parfois nous aider de ses conseils. De jeunes auteurs nous apportaient leurs manuscrits. Et c’est ainsi que nous pûmes représenter : Mais quelqu’un troubla la fête, du poète Louis Marsolleau ; La Sape, de Leneveu ; Le Portefeuille, de Mirbeau ; L’Exemple, grand drame social de Cheri Vinet, etc., etc.

L’un de ces jeunes, désireux d’être joué au Théâtre Social, s’appelait Serge Basset. Il devait, comme on sait, périr, plus tard, au front. Pour l’instant, il était l’auteur d’un drame terriblement révolutionnaire : La Grande Rouge. Il s’agissait, dans cette pièce, d’une grève de chapeliers. À un moment, on voyait des femmes grévistes, ayant massacré un patron, promener au bout d’un bâton sanglant, ses attributs les plus essentiels. Cela faisait songer à Germinal. C’était, d’ailleurs, une œuvre puissante. Nous commençâmes à distribuer les rôles et à répéter.

Mais, entre temps, Serge Basset était entré au Figaro. Il ne tenait plus du tout à voir triompher sa pièce. Il nous redemanda les exemplaires que nous possédions et les détruisit. Un exemplaire, pourtant, lui échappa ; il alla échouer dans les mains d’Urbain Gohier, qui s’offrit le malin plaisir d’en publier les extraits les plus suggestifs, dans L’Aurore. Mais la représentation, interdite par l’auteur, ne put avoir lieu.

Très souvent, nous nous contentions de ce que nous