Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/91

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Le soir, dans la capitale du grand-duché, je prends le train qui me conduit à Differdange où je dois passer la nuit. Le lendemain, c’est la fête de Longwy. Les jours de fête, on circule à travers la frontière, sans papiers, sans explications. Une vraie chance !

Et, de nouveau, je foule le pavé de Paris. Me voilà loin de Bela Kun et de ses « kuneries », comme disait irrespectueusement Lénine. Me voilà loin des révolutionnaires en chambre, des fonctionnaires d’opéra-bouffe, libre d’aller, de venir, chez moi : chez Moi !

Conclusion. J’ai revu R… quelques mois après, à Paris. Il venait se plaindre au Comité directeur. L’Exécutif de Moscou avait décidé de rattacher le parti luxembourgeois au parti français. Mais le parti français ne donnait aucun subside. Rien n’allait plus. Pas d’argent, pas de Suisses… ni de Luxembourgeois. Du coup, le communisme a disparu du grand-duché.

Et cet excellent R… lui, a disparu de la circulation communiste.

Mais les voyages forment l’âge mûr. En somme, qu’ai-je rapporté de cette équipée ? Premièrement, la certitude que le terrible Bela Kun était un grotesque et que les révolutions ne se déroulaient pas du tout comme dans les livres. Secondement, que le communisme pouvait bien n’être qu’une vaste fumisterie.

Et j’ai laissé pas mal d’illusions. Plus, à la gare frontière de Luxembourg, une superbe poupée, une innocente poupée de Nuremberg.