qui a exploré ces milieux, avec autant d’obstination que moi-même, les avait baptisés : tendres canailles. Je lui emprunte les lignes suivantes :
« Au carrefour Buci, des autels de la fraternité sont dressés ; les peuples réunis, les classes confondues y boivent, selon le vœu du chansonnier, à l’indépendance du monde.
« Il y a le bar « Bobillot » à l’angle de la rue Bourbon-le-Château ; le bar de « L’Habitude », au centre ; la « Petite Pologne », rue Grégoire-de-Tours ; le café du « Cardinal », près de la rue de l’Ancienne-Comédie, lequel, par son public d’employés aisés, de marlous pacifiques, de dames pensionnaires des rues Mazarine et Grégoire-de-Tours, est, si j’ose dire, le Maxim’s du carrefour…
« Pauvre et capricieux, aristocrate vagabond, j’ai trouvé en ce carrefour Buci, un duché accueillant à ma fantaisie, séduisant par ses masses aisées et compliquées pourtant, sa morale favorable à l’instinct et ses lois généreuses… »
Oui c’était bien le domaine de la fantaisie débraillée. Toutes les aberrations se rejoignaient là et, aussi, toutes les espérances. Parmi la faune spéciale où j’ai cueilli quelques échantillons, il y avait de très purs artistes, de bons poètes, d’excellents écrivains. J’en nommerai quelques-uns. Il y avait, de même, des militants libertaires qui rêvaient de chambarder le vieux monde. Salmon, lui, évoluait paisiblement dans ces parages ; il avait fixé son choix sur « L’Habitué » (qu’il appelle « L’Habitude ») ; moi, je tenais mes assises au « Petit Bar » (Petite Pologne). Je crois