Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/13

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des socialistes claquaient au vent. Et, naturellement, les brigades centrales donnaient du poing. Mais c’était, malgré tout, la belle période où l’on avait à peu près encore le droit de manifester dans la rue.

Là-dessus, l’abbé Charbonnel (mort dernièrement) fonda, avec Bérenger, l’Action, quotidien farouchement anticlérical. Tailhade était de l’équipe, avec Gustave Téry, Jean Allemane, nombre de futurs députés, sénateurs et ministres. En ce temps-là, les journalistes anticléricaux quittaient leurs salles de rédaction pour s’en aller porter la contradiction, dans une église, parmi les fidèles consternés, au curé prêcheur. Cela au grand scandale des confrères bien pensants.

Puis ce fut la rupture entre les deux codirecteurs de l’Action. Charbonnel tira à hue, Bérenger à dia. La polémique eut un certain retentissement et il est demeuré de ce conflit un témoignage rare, un livre : Monsieur, Madame et l’Autre, dû à la collaboration du prêtre défroqué Guinaudeau, de Téry et de quelques autres. Mais chut ! n’éveillons pas les haines mortes.

Vers 1906, dans un petit bureau situé au-dessus des locaux de l’Action, quelques hommes se réunissaient pour tenter de lancer un hebdomadaire d’avant-garde. Nous étions convoqués par un certain Rollin, ex-administrateur de l’Action et grand ami, disait-on, de Bérenger. Le succès de la nouvelle feuille était, paraît-il, assuré. Les articles (chose absolument surprenante