Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/163

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ressemblait à Clemenceau, se leva pour déclarer :

— En voilà assez. Nous avons désigné le camarade Méric comme candidat ; il n’a qu’à s’incliner. La discipline est la discipline. Je dépose un ordre du jour de blâme contre lui.

L’ordre du jour fut voté en cinq sec. Et l’on revint à la charge. Il me fallait marcher, sans quoi l’exclusion. Discipliné, je courbai la tête.

— Soit. Je vais aller à la quatrième Section. Mais je ne promets rien. On verra.

J’espérais que la quatrième Section aurait son candidat et qu’elle m’enverrait promener.

Hélas ! Je trouvais le citoyen Maurice Maurin qui, quelque temps avant, avait raté le siège de peu. Il représentait alors la droite du parti socialiste. Aujourd’hui, il représente l’extrême gauche (comme on change, hein !). Il ne demandait qu’à être de nouveau candidat, mais la section n’en voulait plus. Les purs lui reprochaient, entre autres choses, d’avoir serré la main à un garde municipal, en pleine période électorale. C’était grave. D’autre part, j’étais connu, trop connu, dans cette vieille section insurrectionnelle et hervéiste à laquelle, durant des années, je m’étais donné.

Cependant, je me débattis. J’assurai les camarades que seul Maurin, qui avait déjà mené des campagnes dans le quartier, pouvait les conduire au succès. En vain. On vota sur la désignation. Ce pauvre Maurin recueillit deux ou trois voix. Tous les autres se comptèrent sur mon nom.

Le vin était tiré ; il fallait le boire.