pas ses amis, qu’il ira jusqu’au bout de la bataille qu’il livre. Puis, voyant la cause compromise, il vous lâche cyniquement. Au revoir et merci !
Sa dernière volte-face fut superbe. On avait combattu pour lui, au Congrès communiste de Paris, contre Boris Souvarine et ses amis qui voulaient lui enlever la direction de L’Humanité et représentaient alors la plus pure orthodoxie. Pendant tout le congrès, Cachin se tint coi, laissant se battre les autres. Quand ce fut terminé, dans la confusion, il décida de répondre à l’appel de Moscou qui lui donnait l’ordre de prendre le train et de venir s’expliquer. Il nous réunit, à quelques-uns, et nous supplia de « faire » le journal pendant son absence :
— Sauvez d’abord L’Humanité. C’est capital !
Je lui dis :
— Tout ça, c’est très joli… Mais il ne faudrait pas nous jouer un tour de cochon, en revenant de Moscou…
Il se mit à piétiner. Solennel, le doigt tendu, il prononça :
— Nous vaincrons ou nous mourrons ensemble !
Paroles sublimes, dignes de passer dans l’Histoire !
Il ajouta :
— Je lui dirai à Trotsky… je lui dirai ceci… et cela… et encore cela…
Et il nous récita, magnifiquement, avec battements de pieds, le discours préparé à l’intention du dictateur.
Le voyage dura près de trois mois. Nous avions