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ses frères… Joseph et le Saint-Esprit… Nos réunions n’étaient plus qu’une immense rigolade.

Marty fut élu. Troisième triomphe. C’est à ce moment que j’abandonnai le parti communiste. Du coup, je lâchai la Santé. Je dois, cependant, noter qu’à l’élection qui suivit et où Marty fut réélu, j’intervins encore une nouvelle et dernière fois.

Mais, avant de quitter la Santé, il faut que je vous invite à méditer sur la singulière conclusion que voici. Sorti de prison, André Marty, qui devait sa double élection à la Santé et sa libération aussi bien aux socialistes et aux radicaux qu’aux communistes, fit son adhésion solennelle au parti moscovite. Je ne pus m’empêcher de lui faire remarquer, dans L’Égalité, qu’il aurait beaucoup mieux valu, pour lui qu’il restât au-dessus et en dehors de nos luttes.

Réplique deux jours après dans L’Humanité. J’avais lutté pour la libération de cet homme avec le désintéressement le plus absolu, donnant mon temps et ma peine sans compter. Je puis certifier que j’étais au centre même de la bataille et que je dirigeais les opérations. En guise de reconnaissance, Marty me fit savoir que, pendant « qu’il offrait sa poitrine à la mitraille (sic), je faisais la noce dans les boîtes de nuit de Montmartre ». Et allez donc !

Il me fallut aviser ce martyr — qui n’en avait pas l’ « r » — que dans mes pires débordements, je ne dépassais jamais le Lion de Belfort.

Mais quelle noble attitude, hein ! Et ça ne faisait que commencer. Mes amis et moi, nous allions en voir d’autres.