Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/192

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en excitations dans les couloirs du journal et, la scission venue, nous déclarait, en pleurant, qu’il demeurait dans le parti pour gagner sa croûte. Je revois Pioch, sensible et pitoyable, s’employant à consoler cette larve pleurnicharde, certain soir que nous, les « résistants », les premiers « oppositionnels », étions réunies dans un petit restaurant des Halles. Vous rappelez-vous cette soirée tragi-comique, vous tous, Bernard Lecache, Noël-Garnier, Gabriel Reuillard, Morizet, Frossard, Torrès ?… C’était à se taper le derrière dans les assiettes.

Depuis, ce malheureux nous a plus ou moins aspergés de sa bave incolore. Mais passons… Je préfère la philosophie de Rappoport, ce Carpocrate de carrefour, qui proclamait : « Il faut beaucoup plus de courage pour rester dans le parti communiste que pour en sortir. »

Et Daniel Renoult ?… Voilà ! Je l’ai déjà dit : un bon garçon, un terrible garçon. Il se levait, furieux, tonitruant, foudroyant (sans éclairs) ses contradicteurs, réclamant de la clarté, de l’honnêteté, de la liberté dans le parti. Avec ça, finassement paysan. Vint un jour où il fallut agir. Il disparut par je ne sais quelle trappe.

Il disparut, mais je devais le revoir. Et me revoici aux élections de 1924. Grande réunion à Plaisance. Je m’expliquais, tant bien que mal, dans un chahut effroyable, parmi les injures et les clameurs. Soudain, une barbe fauve se dresse, frémissante. Daniel Renoult, délégué par le communisme, venait nous apporter la contradiction.