Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/234

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méritait. Mais, depuis, ne s’est-il pas réhabilité ? N’a-t-il pas bataillé, ardemment, splendidement, pour la Justice, pour la Liberté, pour la Démocratie ?…

Vous voyez d’ici le thème. Ceci dit, et certain d’être suivi, malgré tout, par ses amis, mon père s’en alla trouver Clemenceau.

— Vous ne songez point à une revanche électorale ?…

— Je ne fais que ça, confessa le futur président du Conseil. Mais où et comment ?

— Il y a un siège dans le Var.

Clemenceau sursauta :

—Dans le Var !… Pas possible !…

Mon père eut un sourire :

— Très possible, au contraire, certain même… Toutes les vieilles histoires sont oubliées… Vous êtes aujourd’hui l’homme de la situation.

Clemenceau, cependant, hésitait. Il se souvenait. Et une nouvelle défaite était grosse de conséquences, pour lui. Mais mon père le pressait de plus en plus, argumentant, lui communiquant sa conviction… À la fin, l’autre déclara :

— Ma foi… je ne demande pas mieux… Mais je voudrais avoir une certitude.

— Vous l’avez. Je vous donne ma parole que vous serez élu. J’en fais mon affaire. Nous n’avons même pas besoin de vous.

Convaincu, Clemenceau accepta. Mon père partit pour le Var, se mit en campagne, se dépensa sans compter. Le candidat n’apparut qu’au dernier moment, timide, tout petit, dissimulé dans l’ombre de