Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/247

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Vous voyez d’ici le ton du pamphlet. Il y en avait, comme ça, six énormes colonnes, dont aujourd’hui encore je ne retrancherai pas une syllabe. J’ajouterai plutôt (car, depuis, il y a eu la guéguerre, le défaitisme et le traité de Versailles). Mais pour l’époque, le Grand Flic était servi. Et il ne fallait pas s’attendre à des remerciements émus.

Quelques semaines après, à l’occasion d’un autre numéro sur le général d’Amade, j’étais poursuivi, condamné et jeté à la Santé. Tout cela n’était pas fait pour raccommoder mon père avec Clemenceau. Cependant, ce dernier, inquiet au sujet des prochaines élections sénatoriales, tenta à plusieurs reprises un rapprochement et, comme on va le voir, essaya de faire servir le fils emprisonné à une manière de chantage sur le père.


III

Le département du Var, on le sait peut-être, a toujours eu la réputation et la prétention d’être le premier parmi les plus rouges des départements. Les paysans de là-bas ont toujours marché à l’avant-garde de l’armée républicaine. En 51, ils s’insurgeaient contre le coup d’État, se battaient comme des diables contre les gendarmes et les soldats de Badinguet. Émile Zola, dans La Fortune des Rougon, a raconté ces événements au cœur desquels il a placé l’idylle de Miette et de Silvère.