Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/267

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tendit sa carte au candidat. Et il s’en alla, frottant joyeusement ses paumes :

— Ça y est… il a marché… je le tiens.

Il ajoutait :

— Demain, je l’embroche.

Certains dans son entourage protestèrent. L’un d’eux même prononça le mot d’assassinat. Mais Laberdesque, entêté, ne cessait de répéter :

— Je le tuerai… Je le tuerai !…

Il passa la nuit, chez un de ses amis, le vieux Castagné, un bonapartiste enragé, qui se flattait de connaître son Napoléon au point de vous dire combien il avait de cheveux sur le crâne à Marengo et combien il lui en restait à Sainte-Hélène, en compagnie du père Dios, révolutionnaire fougueux, célèbre sur l’avenue d’Orléans et ennemi déclaré du duel. Il faut croire que cette nuit porta conseil, car le duel eut lieu et Messimy vit toujours. On dit même qu’il est devenu quelque chose comme général.

Tel était le deuxième paladin de Clemenceau.

Inutile de souligner l’ahurissement des Dracénois quand ils virent Clemenceau débarquer dans cette ville, entre le chambardeur assagi et emmillionné et le féroce mousquetaire, avec un essaim de mouchards autour d’eux. Cela leur donnait un avant-goût de la liberté des opérations électorales.

*
* *

Vint le grand jour. La veille, une réunion fut organisée où les candidats devaient exposer leur programme