Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/43

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écœurent. C’est le cas où jamais de dire que ça sent le renfermé.

Aussi à peine avions-nous obtenu le parloir-réfectoire que nous nous mîmes à loucher vers la cour-jardin.

Nouvelle réclamation. Le directeur vint nous voir, flanqué du gardien-chef. Il fit son rapport. Victoire ! On nous accordait la cour.

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* *

Le printemps s’annonçait. Il y avait, dans cette cour-jardin, deux ou trois arbres squelettiques et quelques vols d’oiseaux. Ce furent alors de bruyantes parties, des assauts de boxe, de la lutte, des sauts… On s’en donnait à cœur-joie. On sentait la vie au dehors. La Vie ! Des êtres libres qui marchaient sur les trottoirs, avec du ciel sur leurs têtes. Parfois, le matin, nous entendions le chant d’un coq ou l’aboiement lointain d’un chien.

Bruits et échos de l’extérieur. En somme, quelques murs, seulement, nous séparaient du monde, et nous avions un peu d’azur sur nos fronts. Mais à l’intérieur, d’autres devaient nous envier terriblement, nous, les aristocrates du régime politique. Et, parfois, le soir dans le silence nocturne, des plaintes et des clameurs filtraient à travers les barreaux des cachots :

— On en sortira du tombeau des vaches !

— Plus que six mois à tirer et la paire !

Un matin, dès l’aube, nous nous réveillâmes tous dans l’angoisse, prêtant l’oreille. Nous savions qu’on