Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/57

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Il me disait ses débuts parmi les radicaux et les libres penseurs et me contait les exploits de son vieil ami et camarade d’école Henry Bérenger. Il se proclamait résolument athée et matérialiste à la façon de son chef de file, Maurras. Seulement, le dimanche matin, il était parmi les premiers à la messe.

Nous mangions à la même table, dans le grand parloir-réfectoire. Nos repas nous étaient fournis, non par l’ordinaire détestable et puant de la prison, mais par nos familles et nos amis qui se chargeaient de nous faire parvenir des victuailles. De plus, nous nous étions procuré une petite cuisinière à gaz que nous avions placée dans la salle de bain où Gaucher s’entraînait quotidiennement à la culture physique. Là, nous confectionnions des plats à notre goût et à notre façon. Eugène Merle se spécialisait dans l’aïoli, et moi dans l’omelette (on fait ce qu’on peut). C’est ce que Pujo, chantre de la Pucelle, constatait en écrivant (17 juin 1909) :


« La veille de mon départ, au dîner, nous étions les hôtes des antimilitaristes. Ces politesses sont courantes à la Santé. Les royalistes ont toujours fait part à leurs compagnons des douceurs qu’ils recevaient, de même qu’ils ont partagé avec plaisir les fruits et les excellents cigares envoyés à ses adhérents par le Syndicat des terrassiers.

»… Les tables avaient été rapprochées pour n’en former qu’une. Je ne m’étendrai pas sur le menu, qui était exquis ; il m’est impossible toutefois de passer sous silence une certaine omelette au rhum que Méric