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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/111

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lancinante et déprimante d’on ne savait quelle inévitable et prochaine tragédie.

Alors — oh ! que je remue toutes ces choses accumulées depuis des années et des années et que je me sens ramené si loin, si loin en arrière, je ne puis me défendre d’une douloureuse crispation — alors se produisit, au moment où nul ne s’y attendait un « nouveau fait », terriblement nouveau, d’un tel imprévu que toutes les intelligences en furent désarçonnées. On retrouva, simplement, l’un des jeunes curés disparus. On le retrouva sur la petite place de l’Église, assis calmement, sur un banc, sous les marronniers poussiéreux. Cela se passait un matin, de très bon matin, à Issy-les-Ternes, sur les bords de la Seine. Une ménagère, qui venait d’ouvrir sa porte donnant sur la petite place, aperçut, sur un banc, une forme noire. Elle s’approcha lentement, un peu craintive, puis, jetant un cri de surprise et d’effroi, elle se mit à se signer.

— Jésus-Marie ? est-ce possible ?

Elle continuait de se signer avec précipitation, tout en marmottant des bouts de prière. La forme noire ne bougeait point. Elle regardait la vieille femme avec des yeux très doux, mais d’un regard étrange, un regard qui ne voyait point.

— Seigneur !… Vous qui êtes aux cieux !…

Un balayeur municipal, que le manège de la vieille amusait et inquiétait tout à la fois, s’approcha à son tour. Il eut un brusque sursaut :

— Mais c’est l’abbé Carol !

Tous deux, l’homme et la femme, demeuraient stupides, indécis, devant le prêtre qui souriait vague-