Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/205

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bourdonnez, mouche à contradictions, autour du Maître…

— Euh !… murmure Ciron, je ne crois guère qu’à ce que je touche… de ma raison. Si le professeur Huler est le Sauveur, je dois ressembler un peu à saint Thomas…

— Saint Thomas Taquin…

Ciron ne tique pas. Tout son immense corps courbé se détend comme un ressort. Il fait quelques pas dans la cellule, ses mains dans le dos (j’allais écrire : derrière le dos, mais j’ai subodoré l’émoi des puristes). Et le voilà qui se plante devant ma couchette où je suis placé dans la position du Japonais, à la minute du hara-kiri. De sa voix de basse noble, plus sourde encore, il profère :

— Cette histoire de rajeunissement par la greffe humaine ne tient pas debout. Le Maître se leurre s’il s’imagine ainsi s’éterniser. D’autres ont essayé avant lui, qui s’appellent Steinach, Knud Sund, Lichtenstern. La transplantation testiculaire n’a jusqu’ici donné que des résultats douteux ; elle n’a guère agi que dans les cas d’impuissance virile ou de sénilité précoce. Mais, avec les vieillards dépassant les soixante-dix ans, rien à faire. Et cela se conçoit. On ne sait exactement où opérer la transplantation. Les uns désignent les bourses, les autres les muscles de la région de l’aine, d’autres le périnée, d’autres le péritoine. C’est évidemment l’inclusion de l’interstitielle dans la bourse qui semble le plus facile ; malheureusement il n’en sort rien, si je puis m’exprimer ainsi. L’homotransplantation, de l’aveu de Lichtenstern, lui-même, n’exerce qu’une