Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/212

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telant parfois les mots. J’attends vainement les crises de toux rouillée et grinçante. Miracle des miracles. Cet homme, ce vieil homme s’exprime sans efforts ; les mots naissent tout naturellement sur ses lèvres, et les images, et il vient, de lui à nous, je ne sais quels effluves magnétiques qui nous baignent, s’emparent de notre esprit, nous laissent sans défense.

— Mes amis, dit Ugolin, soyez remerciés. Comme je m’y attendais, vous avez tous répondu à mon appel. Pas une défaillance. Aussi bien l’heure a-t-elle sonné d’entreprendre la lutte suprême. Mais, avant d’aborder la question essentielle qui nous réunit aujourd’hui, laissez-moi procéder à la fastidieuse, mais indispensable cérémonie de l’appel et de l’identification.

Il fait un signe et le lourd Potrel se dresse, le ventre en avant, avec une figure épanouie de contentement. Celui-là aussi me paraît extraordinairement jeune. D’une main prompte, il pousse devant lui un gros registre et commence à appeler les noms.

— Schmidt. Leipzig ?

— Présent.

— Combien ?

— Douze.

— Van-Deer. Anvers.

— Présent.

— Combien ?

— Six.

— Nevy, Grenoble.

— Présent.

— Combien ?