Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/268

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se croyaient visées directement, firent un chahut de tous les diables. Et il y eut un élément de désordre de plus. Des meutes de tricoteuses se dressèrent. Des Théroigne de Méricourt s’improvisèrent à tous les coins de rue, prêchant la guerre sainte contre les hommes, associant, dans leur vindicte, les jeunes et les vieux.

Bataille des âges ! Bataille des sexes ! On apprit que, d’un bout de la France à l’autre, cette lutte insensée sévissait. Des tas de femmes échevelées, ivres de colère, parcouraient les routes, attaquant sauvagement les soldats. D’autres se réfugiaient dans les églises, passaient leurs journées et leurs nuits à prier. Mais à Paris, ce n’était qu’émeutes, rixes, mêlées. Le Gouvernement de la Commune, complètement désarçonné, ne savait où donner de la tête. Il avait tout prévu, la résistance à la bourgeoisie, la nécessité de la discipline ouvrière, la terreur, tout, sauf ce débordement furieux de rage, cette ruée des êtres dans la frénésie du meurtre. Il réussit, pourtant, à conserver quelques forces solides et il parvint, parmi des ruisseaux de sang, à rétablir un peu d’ordre. Malheureusement, dans ce chaos imprévu, dans ce bouleversement ébouriffant, où l’on pouvait voir se dresser les femmes contre leurs époux, les fils contre les pères, la lutte reprit sous une forme plus abjecte encore. La production était tombée à zéro. Personne ne travaillait. Nul ne produisait. La famine fit son apparition ! On se battit pour le ventre. On se mit à massacrer pour manger. On se disputait à coups de couteau, à coups de poing, à coups d’ongles, à coups de dents, une croûte verdâtre, un morceau de viande