Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour mettre ceux qui ne possédaient rien à la place de ceux qui possédaient tout. Ce programme était net et précis. Avouerai-je qu’en ce temps-là, je suivais avec quelque sympathie ces « social-communistes » pour avoir hanté l’apôtre dont ils se réclamaient : un nommé Karl Marx qui sema quelques idées justes, mais qu’on a depuis complètement oublié et enterré.

Pour me résumer, le journal, le grand journal apparaissait comme une immense ruche, une sorte de vaste maison de commerce analogue à ces magasins colossaux qui nécessitaient des bataillons d’employés faméliques. Il fallait, pour le lancer d’abord, pour le développer ensuite, d’énormes capitaux. Gens d’affaires, industriels, commerçants, banquiers, fournissaient cet apport indispensable et composaient le Conseil d’administration, mystérieuse et redoutable Entité dont les arrêts étaient rendus dans l’ombre.

Cependant, on parlait volontiers de la liberté de la presse et les citoyens de la troisième République française se déclaraient toujours prêts à s’insurger contre toute tentative de censure.

On voit, dans de telles conditions, quel sublime, réconfortant et confortable métier j’exerçais et ce qui pouvait me rester de commun avec Théophraste Renaudot — cet ingénieux et néfaste précurseur.

Mais, comme disaient nos contemporains de l’an 1935, il fallait bien vivre. Primum vivere, ajoutaient certains olibrius frottés de latin douteux.

Justement, ce hors rubrique dont je venais, grâce à la libéralité de mon rédacteur en chef, de bénéficier, allait me permettre d’arrondir un peu ma bourse, gé-