Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/62

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sillon et se faufiler là où l’homme le plus obstiné échoue. En quelques secondes, nous nous trouvions sur un trottoir, loin des badauds. Elle eut un petit rire heureux.

— Mais comment se fait-il ?

— C’est bien simple, mon ami. Je devais te téléphoner.

— En effet, et j’ai attendu.

— C’est ce que j’ai pensé. Alors, comme j’étais en retard, je me suis dit : Je vais toujours passer au journal. On me renseignera et je saurai peut-être où le retrouver.

— On t’a expliqué…

— Oui, une espèce de type… bizarre… Un poète : Voyons, comment l’appelles-tu ?

— Farigoulis.

— C’est ça. Farigoulis. Quel drôle de nom… C’est lui qui m’a appris que tu prenais l’affaire de la Banque des Pays Neufs… Naturellement j’ai fait un bond. Mais quelle sacrée peur de ne pas te rencontrer, dans toute cette foule… Et puis, tu sais, ton Fagri… ton Faroulis… enfin ton poète, quoi !

— Oui, eh bien ?

— Eh bien ! l’animal ne voulait pas me laisser partir. Il m’affirmait que je ne parviendrais pas à te rejoindre et qu’il valait mieux passer la soirée avec lui plutôt que de la perdre.

J’éclatai de rire.

— Farigoulis, lui !… Il t’a fait du boniment !

Juliette esquissa une grimace, les deux lèvres serrées, le nez plissé, les fossettes creusées. Signe évident de mécontentement auquel je ne me trompai point.