Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/76

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même pas à se dissimuler, elle m’enveloppa d’un étrange regard.

— C’est curieux, comme vous pataugez. Tout de même, si les Allemands disposaient d’avions silencieux et de procédés aussi puissants que ceux employés par les cambrioleurs inconnus, pourquoi s’amuseraient-ils à attaquer les banques et leurs coffres-forts. Il leur serait trop facile d’anéantir la moitié de Paris, en quelques heures.

— Je n’ai jamais cru à ces fables, protestai-je. Mais ton histoire de savant…

— Ce n’est pas mon histoire, interrompit Juliette vivement. C’est une simple idée qui m’est venue… Tu penses bien que je n’en sais pas plus que toi.

— Évidemment, fis-je en riant. Mais j’admets que ton savant, mon savant, notre savant ait eu besoin d’argent pour mener à bien certaines expériences et se procurer d’indispensables matières ? Cependant, deux milliards… Que compte-t-il donc faire avec une pareille somme ?

Un sourire aigu se dessina sur les lèvres de Juliette. Elle eut un mouvement comme pour répliquer, puis, après avoir secoué la tête, elle garda le silence.

Nous nous tûmes un long instant, absorbés dans nos réflexions ; Juliette parla la première :

— Si j’étais journaliste comme toi…

Je l’interrogeai des yeux, sans un mot.

— Eh ! oui ! si j’avais l’honneur d’écrire dans le Vespéral et de me voir chargée d’une aussi palpitante histoire, je sais parfaitement ce que je raconterais au public.