Au moment de partir pour la caserne, il préféra filer en Belgique. Une existence nouvelle commença pour lui, semée de misère et de douleur, dans l’abandon moral et le dénuement.
La mère, cependant, pleurait son fils envolé. Un jour, elle n’y tint plus. Elle prit le train pour Bruxelles. Hélas ! l’enfant n’était plus le même. Il se répandait en menaces. Il se dressait furieusement contre l’injustice sociale. Des influences déjà, jouaient sur lui. La mère fit l’impossible pour ramener l’enfant terrible. Elle n’y réussit pas. Elle revint à Paris, désolée.
Garnier demeura là-bas, sans foyer, sans affection, guetté par toutes les misères. L’illégalisme le conquit rapidement. Toute sa raison, toute sa sensibilité sombrèrent en quelques mois. Il crut que, seul, par des moyens de violence individuelle, il pouvait s’évader de l’enfer social. Il rejeta l’idée de révolution, comme une vaste fumisterie. Il s’imagina avoir réalisé la « vie intense », alors qu’il accumulait contre lui, tous les périls et toutes les catastrophes. Il ne vit point le gouffre qui, chaque jour, se creusait plus profondément sous ses pas.
Transplanté dans un autre milieu, dégagé des influences pernicieuses qui s’exerçaient sur eux, que n’auraient pu tenter de tels hommes, qui, tous ont suivi la même évolution, tous, les Soudy, les Callemin, les Carouy, les Valet, les Garnier, à l’exception peut-être du seul Bonnot dont on ne connut pas grand’chose et qui demeura un