Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/14

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Et tout de suite, le même mot courut sur toutes les lèvres : « Anarchistes !… Crime anarchiste !… » On évoquait les journées de terreur folle de 1894… les bombes… Ravachol, Vaillant, Émile Henry. Pour le public, nul doute. C’était une déclaration de guerre des anarchistes à la société.

Que s’était-il passé ?

Les faits étaient les suivants : Ce matin de décembre, maussade et pluvieux, un garçon de recettes se dirigeait vers la succursale de la Société Générale, 146, rue Ordener, muni de sa sacoche lourde des fonds nécessaires à la journée. Paisible, il venait de descendre, en compagnie d’un collègue, du tramway qui s’arrêtait précisément dans cette rue. Ce garçon de recettes se nommait Ernest Caby. Sa sacoche renfermait une collection de titres d’une valeur de 318.772 francs, plus un petit sac contenant 5.266 francs de monnaie. Dans une poche intérieure de ses habits, un portefeuille recélait 20.000 francs en billets et rouleaux d’or.

À une quinzaine de mètres à peu près de l’Agence, Caby, qui suivait son collège, se trouvait un peu en arrière. À ce moment, il vit, brusquement, se dresser un individu qui, sans un mot, se campa devant lui, le regardant fixement, avec des yeux où passait une double flamme. Cet homme cachait ses deux mains dans ses poches. Il se tenait immobile, farouche, face au garçon de recettes. Mais, soudain, sa main gauche apparut, armée d’un revolver.

Il fit feu.