Chacun peut entrer librement et disparaître ensuite. Nul ne lui demande d’où il vient, où il va. Le respect de la liberté d’autrui est poussé jusqu’à ses extrêmes conséquences. Et cela explique que le mouchard ou le provocateur puisse jouer leur rôle avec autant de facilité.
L’Anarchie, selon Rirette Maîtrejean, n’avait d’autre utilité que de grouper des hommes soucieux d’étudier et d’apprendre. Certes, on leur enseignait le mépris des morales conventionnelles et la haine des iniquités sociales. Mais ils devaient juger eux-mêmes et se déterminer en toute liberté. Aucune complicité avec les collaborateurs directs ou occasionnels du journal, qui crurent devoir recourir à l’assassinat et au vol.
Kibaltchiche parla de même façon. Il exposa sa conception de l’anarchisme, répudia énergiquement tout ce qui touchait à la reprise individuelle et à la violence, il dit son existence de pauvreté, défia qu’on trouvât de l’argent chez lui.
Malheureusement, on avait découvert des revolvers. Mais c’était là un dépôt ; il n’avait pas à connaître leur provenance, pas plus que le but auquel on les destinait. Il se tut là-dessus.
On appela Dieudonné.
De quoi l’accusait-on ? D’avoir participé à l’attentat de la rue Ordener. Or, il fut prouvé que le prétendu coupable n’était pas à Paris, au moment où se commit le crime. De plus, Bonnot l’avait innocenté à l’heure de la mort. Quel intérêt aurait eu Bonnot, à l’instant où, tout étant dit,