Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/225

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La période des Bandits tragiques et des illégalistes n’est du reste pas tout l’anarchisme et tous les anarchistes.

L’anarchisme a une source lointaine et ses lettres de noblesse. Les pères de l’anarchie, ce furent, sans vouloir remonter jusqu’aux utopistes, des sociologues et des écrivains qui s’appelaient Charles Fourier et Proud’hon. Mais, chez ces rêveurs, l’anarchisme ne fut que théorie, spéculation. L’action anarchiste se développa du jour où Bakounine apparut et livra bataille à Karl Marx. Elle se précisa lorsque l’Internationale socialiste jeta à la porte ses frères indisciplinés.

Au début, l’anarchisme n’est que du socialisme anti-autoritaire. Il combat l’État et le parlementarisme. Il est conduit, surtout, par un âpre besoin de critique. Mais, peu à peu, il se scinde en diverses chapelles. On voit pointer le nez de l’individualisme. La critique tourne en rond et s’exerce sur les idées anarchistes elles-mêmes. Stirner, Nietzsche se mêlent à la danse et font un singulier vis-à-vis à Reclus et à Kropotkine.

Lentement les déviations monstrueuses s’accusent.

Au cours de la période ravacholienne, c’est encore l’idéalisme qui domine. Les Ravachol, les Vaillant, les Caserio, les Émile Henry entendent combattre les mauvaises forces sociales et l’organisation collective arbitraire. Mais cette époque,