Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/129

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mauvais sujet, et je n’ose. Voilà trois pages de grec. Quant à la prononciation, si vous voulez, je vous enverrai une page de ma main que j’avais préparée à votre intention, qui vous apprendra la meilleure, c’est-à-dire la prononciation des Grecs modernes. Celle des écoles est plus facile, mais absurde.

Nous avons commencé à nous écrire en faisant de l’esprit, puis nous avons fait quoi ? je ne vous le rappellerai pas. Voilà que nous faisons de l’érudition. Il y a un proverbe latin qui fait l’éloge du juste milieu ; j’avais l’intention de vous dire des duretés en commençant ma lettre, et c’est au grec que vous devez sans doute sa parfaite douceur. Je ne vous en garde pas moins rancune de la persistance de vos habitudes hypocrites ; mais, en écrivant, j’ai perdu un peu de ma mauvaise humeur. Ne regrettez pas le voyage d’Italie, si vous n’y êtes pas. Il y a fait un temps effroyable, froid, pluie, etc. Rien de plus laid qu’un pays qui n’est pas habitué à ces deux fléaux. Adieu. Je voudrais bien savoir où vous êtes. — Ερρωσο (Fortifie-toi).

C’est la fin d’une lettre grecque.