Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cédés, et je les louerais davantage si je n’avais peur que les éloges ne vous rendissent moins aimable à l’avenir. Quant aux follies, n’y songez plus, c’est devenu une charte. Lorsque vous trouvez à redire à quelque chose, demandez-vous si vous préféreriez really truly le contraire ? J’aimerais que vous me répondissiez franchement à cette question. Mais la franchise n’est pas trop parmi vos qualités les plus apparentes. Vous vous êtes moquée de moi, et vous avez pris pour un mauvais compliment ce que je vous ai dit un jour de cette envie de dormir, ou plutôt de cette torpeur qu’on éprouve quelquefois lorsqu’on se sent trop heureux pour trouver des mots qui puissent exprimer ce que l’on éprouve. J’ai bien remarqué hier que vous étiez sous l’influence de ce sommeil-là, qui vaut bien toutes les veilles. J’aurais pu vous reprocher à mon tour vos reproches ; mais j’étais trop content intérieurement pour troubler mon bonheur.

Adieu, chère amie ; à bientôt, j’espère.