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de suite. Ce sera de votre part une attention de bonté dont je vous saurai gré.

XLII

Janvier 1843.

Je ne m’étonne plus que vous ayez appris l’allemand si bien et si vite : c’est que vous possédez le génie de cette langue, car vous faites en français des phrases dignes de Jean-Paul ; par exemple, lorsque vous dites : « Ma maladie est une impression de bonheur qui est presque une souffrance ! » prosaïquement, j’espère que cela veut dire : « Je suis guérie et je n’étais pas bien malade. » Vous avez raison de me gronder de n’avoir pas assez d’égards pour les malades ; je me suis bien reproché de vous avoir fait marcher, de vous avoir permis de vous asseoir longtemps à l’ombre. Quant au reste, je n’ai pas de remords, ni vous non plus, j’espère. Moi, je n’ai pas de souvenirs distincts, contre mon habitude. Je suis comme un chat qui se lèche longtemps la moustache quand il a bu du lait. Convenez que le repas dont vous