Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/321

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vous ne voulez pas tenir. N’est-ce pas un effet du hasard seul qui vous a permis de dire que vous aviez accompli cette promesse ? Vous ne vouliez me voir que pendant un quart d’heure ; ainsi, il y avait de votre part trahison méditée. Je sais ce que vous pensez vous-même de ces subterfuges-là, et je m’en rapporte à votre propre jugement. Vous pouvez me faire beaucoup de plaisir ou beaucoup de peine ; c’est à vous de choisir.

Le temps affreux qui me m’a pas quitté depuis samedi est sans doute celui que vous avez à Paris. Le seul chagrin qu’il me fasse, c’est que je pense à mes bois, dont le vent enlève les feuilles, à mes gazons, que la pluie inonde, et à l’éloignement de notre prochaine promenade. Hier, au milieu des champs, par un vrai déluge, je ne pensais pas à autre chose. Et vous, regrettez-vous la pluie à cause de moi, ou bien parce qu’elle vous empêche d’aller à shopping à votre ordinaire ?

Quel jour étiez-vous à l’Opéra italien ?

Était-ce jeudi par hasard, et aurions-nous été tout près l’un de l’autre sans nous en douter ? J’aurais bien voulu vous voir un peu avec