Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/337

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m’avez envoyé ce que je vous demandais ; qu’importe que ce fût une répétition ! Ne suis-je pas comme le pauvre ex-roi ? « Je reçois toujours avec un nouveau plaisir, etc. » Ce que je ne puis vous dire, c’est combien j’ai été charmé de retrouver ce parfum connu et d’autant plus délicieux qu’il est bien connu et qu’il s’y rattache tant de souvenirs. Vous vous êtes enfin décidée à lâcher le grand mot. Il est vrai qu’il y a un mois que vous êtes partie et qu’en partant vous aviez parlé de six semaines ; d’où il suivrait que, dans quinze jours, je pourrais vous revoir ; mais aussitôt vous vous mettez à compter les six semaines à votre manière, c’est-à-dire du jour où vous m’écrivez. Cela ressemble un peu à la manière de compter du diable, qui, comme vous savez, groupe les chiffres tout autrement que les bons chrétiens. Dites-moi donc un jour, prenons le délai le plus long que je puisse vous accorder, soit le 15 août. Nous avons passé fort paisiblement le 14 juillet, malgré les prédictions sinistres qu’on nous faisait. La vérité, si on peut la découvrir sous le gouvernement où nous avons le bonheur de vivre, la vérité, c’est que nos chances de tranquillité