Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/402

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comme singularité, chose à quoi chacun vise ici, un troupeau de bisons américains, très-féroces, qu’on enferme dans une péninsule et qu’on va voir par les fentes de leurs palissades. Tout ce monde-là, marquis et bisons, a l’air de s’ennuyer. Je crois que leur plaisir consiste à faire envie aux gens, et je doute que cela compense le tracas qu’ils ont d’être les aubergistes du tiers et du quart. Parmi tout ce luxe, j’observe de temps en temps de petites mesquineries qui me divertissent. Au fond, je n’ai encore rencontré que d’excellentes gens qui me prennent avec mon caractère si opposé au leur, sans la moindre difficulté. On vient de me conter une histoire qui me réjouit et dont je veux vous faire part. Un Anglais se promène le long d’un poulailler, dans un château d’Écosse, un samedi soir. Grand bruit, cris de coqs et de poules. Il croit que quelque renard est entré et il avertit. On lui répond que ce n’est rien, et qu’on sépare seulement les coqs des poules pour qu’ils ne polluent pas the Lord’s day.

Avant mon retour, vous voudrez bien m’écrire : 18, Arlington street, care of the honble E. Ellne. On m’enverra de là vos lettres ou bien on les