Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/409

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28 septembre est un anniversaire malheureux pour moi, parce qu’il date de très-longtemps. C’est le 28 septembre que je suis venu au monde. Il me serait très-agréable de passer ce jour-là en votre compagnie ; à bon entendeur salut. J’ai fait ma petite tournée très-agréablement. Je n’ai eu qu’un jour de pluie ; il est vrai que je n’en ai pas perdu une goutte en descendant de la Wingernalp, pendant quatre heures, sur une rosse qui glissait sur les roches et qui n’avançait pas. J’ai bu du vin de Champagne que nous avions apporté sur la Mer de glace et que j’ai frappé à même le glacier. Le guide m’a dit que personne avant moi n’avait eu cette idée sublime. Je suis en face de la Gemmi et de la chaîne du Valais, qui n’a pas les grands profils de la Jungfrau et de ses acolytes. Je pense que nous aurions pu nous rencontrer à Genève et faire ensemble quelque excursion ; tout cela est triste à penser. J’espère trouver une lettre de vous à Paris, où je serai le 28.

Adieu ; amusez-vous bien, ne vous fatiguez pas trop. Pensez quelquefois à moi. Si vous me marquez votre itinéraire avec quelque exacti-