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LETTRES

ser de l’aversion. Quelle admirable histoire que celle du serpent ! Je voudrais que lady M… lût cette lettre. Heureusement qu’elle s’évanouirait vers la dixième ligne.

En tournant la page, je relis ce que je viens de vous écrire, et il m’a semblé qu’il y avait en apparence peu de suite et d’enchaînement dans les idées. Erreur ! Mais j’écris à mesure que je pense, et, comme ma pensée va plus vite que ma plume, il en résulte que je suis obligé de supprimer toutes les transitions. Je devrais peut-être faire comme vous et biffer toute la première page ; mais j’aime mieux l’abandonner à vos méditations et à vos papillotes. Il faut vous dire aussi que je suis très-préoccupé en ce moment d’une affaire qui m’intéresse et qui, je l’avoue à ma honte, réside opiniâtrement dans une moitié de mon cerveau, tandis que l’autre est toute remplie de vous. J’aime assez le portrait que vous faites de vous-même. Il ne me paraît pas trop flatté, et tout ce que je connais de vous me plaît prodigieusement
 

Je vous étudie avec une vive curiosité. J’ai des