Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/105

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ministre d’État, M. Fould, était allé coucher dans la maison qu’il a fait bâtir dans le faubourg Saint-Honoré. De très-grand matin, il est allé le voir, lui a serré la main avec effusion, et lui a exprimé toute la part qu’il prenait à ce qui venait d’arriver. M. Fould a cru qu’il s’agissait d’un fils à lui, qui fait des sottises en Angleterre. Le quiproquo a duré quelque temps, jusqu’à ce que le préfet de police lui ait demandé le nom de son successeur. M. Fould a répondu qu’il était allé pendre la crémaillère dans sa nouvelle maison, et qu’il avait trouvé commode de ne pas se déranger pour aller coucher au ministère. — Les carlistes sont ici dans le désespoir de la platitude de Montemolin. Il n’est pas douteux qu’il n’ait attendu la fusillade d’Ortega pour faire sa renonciation, attendu qu’il éprouvait le phénomène de la peur. Il eût été plus noble de se dépêcher pour qu’il n’y eût personne de fusillé. Il reste à Londres un frère qui n’a pas abdiqué et qui a des enfants ; il s’appelle *** et est marié à une fille du duc de ***. Il a escroqué les diamants de sa femme, et avec le produit entretient une femme de chambre d’icelle. Cela prouve un homme de goût. — Il parait que