Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/113

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traint à se défendre. Le plus beau de la cérémonie a été un De profundis chanté dans le puits que vous savez et que nous entendions au travers d’un crêpe noir, qui nous séparait du tombeau. Il me semble que, si j’étais musicien, je profiterais de l’effet admirable de ce crêpe sur le son, pour un opéra à grand spectacle. — Il n’y a plus guère de monde à Paris. Le soir, on va aux Champs-Élysées entendre la musique de Musard, les belles dames et les lorettes assez pêle-mêle, et très-difficiles à distinguer. On va encore au Cirque, voir les chiens savants qui font monter une boule sur un plan incliné, en sautant dessus. Ce siècle perd toute espèce de goût pour les amusements intellectuels. Avez-vous lu le livre que je vous ai prêté et vous a-t-il amusé ? l’Histoire de madame de la Guette me plaît plus que la Juive de Hollande, où il y a des choses qui ont dû vous scandaliser. On me demande le titre d’un roman anglais pour un malade qui ne peut lire que cela. Peut-être pourrez vous m’en dire un. Je viens de fabriquer un grand rapport sur la bibliothèque de Paris. C’est, je crois, ce qui m’a rendu si malade. Je perds mon temps à me mêler de ce qui