Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/115

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faut toujours quelque temps à Londres pour m’habituer à la singulière lumière qu’il y fait. Il semble qu’elle passe au travers d’une gaze brune. Cette lumière et les fenêtres sans rideaux me tracasseront encore quelques jours. En revanche, je me suis régalé de toute sorte de bonnes choses, et j’ai dîné et déjeuné comme un ogre, ce qui ne m’était pas arrivé depuis assez longtemps. Mon seul regret est de n’avoir pas ici ma chouette, qui joue sur mon tapis le soir, comme le chat que vous connaissiez autrefois. Je vous assure que c’est une très-jolie bête, et qui a de l’esprit plus qu’elle n’est grosse, car elle ne l’est pas plus que mon poing. Il m’importe très-particulièrement de savoir d’une manière très-exacte, avant la fin de ce mois de juillet, à quelle époque vous vous proposez de venir à Paris, le temps que vous y passerez et quand vous prétendez aller à Alger. C’est en conséquence de vos plans que je ferai les miens. Je n’ai pas besoin de vous dire que vous êtes le grand motif déterminant pour moi, de quitter les Highlands plus tôt, ou même de n’y pas aller du tout. Ne songez pas et surtout ne faites pas semblant de croire que ce serait un sa-