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CCXXIII

Paris, 14 septembre 1860.

J’ai reçu votre lettre, chère amie. Je vous avoue que je trouve que vous auriez pu rester un jour de moins à Lestaque et le passer à Paris...

Je suis ici avec Panizzi depuis une dizaine de jours. Je fais le métier de cicérone et lui montre depuis le cèdre jusqu’à l’hysope. Il n’y a plus un chat à Paris d’ailleurs, ce qui me plaît assez. Cependant, les soirées commencent à devenir longues.

Je voudrais vous donner des nouvelles du grand brouillamini qui vient de commencer. Mais je ne sais rien et ne comprends rien. Mon hôte croit que le pape et les Autrichiens seront chassés. Pour le premier, les apparences sont fort mauvaises ; quant aux autres, je crois que, si Garibaldi s’y frotte, il s’en mordra les doigts. On m’écrit de Naples un mot très-philosophique du roi avant de s’embarquer : il recevait toutes les cinq minutes la démission d’un général ou d’un amiral ;