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Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/131

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et un rhume affreux. J’ai trouvé là des gens profondément déconfits, pleurant toutes les larmes de leurs yeux sur les malheurs du saint-père et du général Lamoricière. Le général Changarnier fait, à ce qu’on dit, un récit de la campagne de son collègue, où, après lui avoir donné les plus grands éloges, il montre qu’il n’a fait que des bêtises énormes. À mon avis, le seul des héros martyrs dont on ne peut rire, c’est Pimodan, qui est mort comme un brave soldat. Ceux qui crient aux martyrs parce qu’ils ont été pris sont des farceurs sur lesquels je ne m’apitoie guère. Le temps présent est, d’ailleurs, parfaitement comique, et il fait bon lire son journal pour apprendre chaque matin quelque catastrophe, lire les notes de Cavour ou les encycliques. J’ai vu qu’on avait fusillé Walker en Amérique, ce qui m’a surpris, car son cas est celui de Garibaldi, que nous admirons tous. Avez-vous trouvé mon portrait ressemblant ? En voici un meilleur ou du moins d’une expression un peu moins sinistre. Je voudrais vous donner des nouvelles de Paris, mais il n’y a encore personne. Je vous envie d’être au soleil ! Si vous avez quelque commission à me donner, je suis encore à Paris