Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/134

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On me dit que l’impératrice, que je n’ai pas vue, est toujours horriblement désolée. Elle m’a envoyé une belle photographie de la duchesse d’Albe, faite plus de vingt-quatre heures après sa mort. Elle a l’air de dormir tranquillement. Sa mort a été très-douce. Elle a ri du patois valencien de sa femme de chambre cinq minutes avant d’expirer. Je n’ai pas de nouvelles directes de madame de Montijo depuis son départ. Je crains bien que la pauvre femme ne résiste pas à ce coup-là. — Je suis dans de grandes intrigues académiques. Il ne s’agit pas de l’Académie française, mais de celle des beaux-arts. J’ai un ami qui est candidat préféré, mais Sa Majesté lui a fait dire de se retirer devant M. Haussmann, le préfet. C’est une place d’académicien libre. L’Académie se fâche et veut nommer mon ami malgré lui. Je l’y encourage de toutes mes forces, et je voudrais pouvoir dire à l’empereur le tort qu’il se fait en se mêlant de ce qui ne le regarde pas. J’espère que j’en viendrai à bout et que le grand colosse sera black-boulé de la bonne façon. — Les affaires d’Italie sont bien amusantes, et ce qu’on en dit parmi le peu d’honnêtes gens qui sont ici est encore plus