Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/141

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vous n’entreriez pas dans toutes les explications que je vous demande. Il n’y a rien que vous ne puissiez me dire, et, d’ailleurs, vous êtes justement renommée pour l’euphémisme. Vous savez dire les choses académiquement. Je comprendrai à demi-mot ; seulement, je voudrais des détails ; autrement, je ne saurai que ce que tout le monde sait. Je voudrais savoir tout ce que vous avez appris, et je suis sûr que cela vaut la peine d’être dit. Je vous félicite de votre courage si vous apprenez réellement l’arabe ; il en faut beaucoup. J’ai mis une fois le nez dans la grammaire de M. de Sacy, et j’ai reculé épouvanté. Je me rappelle qu’il y a des lettres lunaires et solaires, et des verbes à je ne sais combien de conjugaisons. En outre, c’est une langue sourde qu’on peut parler avec un bâillon. Mon cousin, qui était un des plus savants arabisants et qui avait passé vingt-cinq ans en Égypte, ou à Djeddah, me disait qu’il n’ouvrait jamais un livre sans apprendre quelque mot nouveau, et qu’il y en avait cinq cents pour dire lion, par exemple. — Je vous ai écrit une grande tartine politique il y a huit jours. Il me semble que tout en est encore au même