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Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/161

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demande surtout très-innocemment, comme j’ai fait, qui a été martyrisé.

Je me suis fait encore une mauvaise affaire en m’étonnant que la reine de Naples ait fait faire sa photographie avec des bottes. C’est une exagération de mots et une bêtise qui passent tout ce que vous pouvez imaginer.

L’autre soir, une dame me demande si j’avais vu l’impératrice d’Autriche. Je dis que je la trouvais très-jolie. « Ah ! elle est idéale ! — Non, c’est une figure chiffonnée, plus agréable que si elle était régulière, peut-être. — Ah ! monsieur, c’est la beauté même ! Les larmes vous viennent aux yeux d’admiration ! » Voilà la société d’aujourd’hui. Aussi je la fuis comme la peste. Qu’est devenue la société française d’autrefois !

Un dernier ennui, mais colossal, a été Tannhauser. Les uns disent que la représentation à Paris a été une des conventions secrètes du traité de Villafranca ; d’autres, qu’on nous a envoyé Wagner pour nous forcer d’admirer Berlioz. Le fait est que c’est prodigieux. Il me semble que je pourrais écrire demain quelque chose de semblable, en m’inspirant de mon chat marchant sur