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CLXXIV

Londres, British Museum, 3 mai 1858.

Je crois que je serai à Paris mercredi matin.

Je suis tombé mercredi dans un assez drôle de guêpier. On m’a invité à un dîner du Literary fund, présidé par lord Palmerston, et j’ai reçu, au moment d’y aller, l’avis de me préparer à débiter un speech, attendu qu’on associait mon nom à un toast à la littérature de l’Europe continentale. Je me suis exécuté avec le contentement que vous pouvez imaginer, et j’ai dit des bêtises en mauvais anglais, pendant un gros quart d’heure, à une assemblée de trois cents lettrés ou soi-disant tels, plus cent femmes admises à l’honneur de nous voir manger des poulets durs et de la langue coriace. Je n’ai jamais été si saoul de sottise, comme disait M. de Pourceaugnac.

Hier, j’ai reçu la visite d’une dame et de son mari qui m’apportaient des lettres autographes de l’empereur Napoléon à Joséphine. On voudrait