Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/195

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sonner. Il est bien fâcheux que le travail qui se fait dans l’intelligence des moutards ne s’explique pas par eux-mêmes et que les idées leur viennent sans qu’ils s’en rendent compte. La grande question est de savoir s’il faut leur dire des bêtises, comme on nous en a dit, ou bien s’il faut leur parler raisonnablement des choses. Il y a du pour et du contre à l’un et à l’autre système. Un jour que vous passerez devant Stassin, soyez assez bonne pour regarder dans son catalogue un livre de Max Müller, professeur à Oxford, sur la linguistique. Seulement, je ne sais pas le titre du livre, et vous me direz si cela coûte bien cher et si je puis m’en passer la fantaisie. On m’a dit que c’était un travail admirable d’analyse des langues.

J’ai fait la connaissance d’un pauvre chat qui vit dans une cabane au fond des bois ; je lui porte du pain et de la viande, et, dès qu’il me voit, il accourt d’un quart de lieue. Je regrette de ne pouvoir l’emporter, car il a des instincts merveilleux.

Adieu, chère amie ; j’espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé et aussi florissante que l’année passée. Je vous la souhaite bonne et